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Les failles du marché monétaire

mardi 24 juillet 2012, par Christine Deslandes


Le marché monétaire, un endroit où stationner temporairement son argent en toute sécurité ? Avant la crise des prêts hypothécaires à risque, c’est ce que beaucoup de gens croyaient… Mais la réalité les a rattrapés.

Aujourd’hui, on sait que plusieurs composantes du marché monétaire comportent un risque. C’est le cas, par exemple, des billets de trésorerie adossés à des actifs (BTAA).

Le fonctionnement de ce placement est assez simple. Une société possédant des actifs financiers difficiles à vendre (illiquides), tels que des prêts, hypothèques ou effets à recevoir, peut se servir de BTAA pour emprunter à moindre coût ou sortir ces actifs de son bilan. Elle crée simplement une entité spécialisée qui lui achète les actifs illiquides et finance cet achat en émettant des BTAA, qui, à la différence des billets de trésorerie normaux, sont garantis par les actifs sous-jacents.

Ce type de billet de trésorerie peut obtenir une note de crédit élevée si les actifs sous-jacents sont bien cotés et si l’entité spécialisée a suffisamment de capital et de lignes de crédit.

Mais lorsque des emprunteurs ne réussissent plus à honorer leurs engagements, les défauts de paiement s’accumulent. Suite au dégonflement de la bulle immobilière aux Etats-Unis, des montagnes de créances, sur lesquelles étaient adossés des billets, sont devenues irrécouvrables… La situation a provoqué une contraction de 38 % du marché des BTAA entre août et novembre 2008.

On a soudainement réalisé que le risque du produit était mal évalué en raison de sa complexité. Le risque dépendait en outre de la manière dont l’entité spécialisée était constituée, de l’amélioration des créances qu’elle produisait, de son apport de liquidités et de la valeur des actifs sous-jacents...

D’autres segments touchés

Dans leur chute, les BTAA ont entraîné plusieurs fonds communs de placement monétaire. Lorsque les investisseurs échaudés ont commencé à retirer leurs billes, ces fonds ont rapidement délaissé les BTAA, les remplaçant par des titres publics et parapublics.

Un autre effet moins connu est la fragilisation du marché des accords de pensions tripartites, un autre segment du marché monétaire. Ce marché est organisé autour d’une ou de deux banques de compensation qui détiennent l’actif donné en garantie et en transfèrent la propriété de l’emprunteur au prêteur, et vice versa lorsque le prêt est remboursé.

Ce marché a été malmené par la débâcle des marchés de titres adossés à des créances hypothécaires. Dès lors que la valeur et la note de crédit de ces titres ont chuté et qu’ils ont cessé de se négocier, le marché tripartite a souffert à la fois des décotes nécessaires pour compenser la volatilité du marché des créances titrisées et des difficultés à fixer le prix de l’actif donné en garantie, qui n’avait plus aucune valeur marchande.

Les prêts interbancaires

Dernier contrecoup lors de la crise, les prêts interbancaires, qui ne reposent sur aucune garantie, le prêteur comptant uniquement sur la solvabilité de l’emprunteur lorsqu’il calcule ses chances d’être remboursé, n’ont pas été une source fiable de financement.

Le Libor, le taux interbancaire de Londres, qui est très suivi, est monté en flèche par rapport aux autres taux du marché monétaire lorsque la solvabilité des banques a été mise en doute. Au surplus, le volume de crédit a beaucoup diminué, car les banques désiraient avant tout financer les actifs qu’elles détenaient et non accorder de nouveaux prêts.

Les liquidités injectées en urgence par les banques centrales ont permis de compenser la contraction de ce marché. Cela a aussi contenu la crise…

De nouveaux développements

Aujourd’hui, le marché interbancaire est à nouveau sur la sellette. Des enquêtes récemment menées par les instances de régulation ont suscité des questions quant à l’intégrité du mode de calcul du Libor. Ce taux, déterminé chaque jour, représente le prix moyen auquel les grandes banques sont disposées à se prêter entre elles.

Or, Barclays et d’autres banques auraient manipulé sa valeur en divulguant volontairement des taux erronés à la British Banking Association. Ces institutions auraient ainsi voulu cacher le prix auxquelles elles acquéraient des liquidités, afin de donner l’impression que leur santé financière était meilleure qu’en réalité.

Comme le Libor définit le prix auquel les banques se prêtent entre elles, il touche indirectement les taux des prêts consentis aux ménages et aux entreprises… Certains placements fixent aussi leur performance à l’aide de cet indicateur.

Ces problèmes récents ont démontré qu’il faut se montrer sceptique face au marché monétaire. En fait, il faut surtout chercher à comprendre ses rouages.

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