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Le poids exagéré des recommandations d’achat

mardi 13 septembre 2011, par Christine Deslandes


Dans une présentation donnée lors de la conférence annuelle du CFA Institute, à la fin d’avril 2007, David A. Rocker, anciennement associé chez Rocker Partners, a abordé un sujet sensible. Si dans chaque transaction, il y a un acheteur et un vendeur, pourquoi près de 90 % de la recherche des analystes est orientée vers les acheteurs ? Qu’est-ce qui explique ce déséquilibre flagrant ?

Comme M. Rocker l’a expliqué, les analystes subissent des pressions considérables, de différentes sources, pour les pousser à présenter seulement le côté positif des titres. Ces pressions viennent des actionnaires, des dirigeants, du conseil d’administration, des firmes de relations publiques, des banques d’investissement, des banques commerciales, du gouvernement, des médias et des analystes eux-mêmes.

Étant donné que le cours du titre est l’évaluation ultime du travail des dirigeants, ceux-ci ont naturellement intérêt à supprimer les nouvelles négatives concernant leur entreprise. Par conséquent, un analyste qui publie une recommandation de vente sur un titre ne peut pas espérer obtenir dans le futur beaucoup d’autres informations éclairantes de la haute direction de cette compagnie. Et il existe divers scénarios où cela pourrait jouer. M. Rocker a souligné qu’une compagnie pourrait soudainement être incapable d’aider l’analyste à élaborer des scénarios de bénéfices ; ou encore, les dirigeants pourraient cesser de participer aux rencontres. Dans le cas d’une firme d’analystes qui aurait également des activités de banque d’investissement, on pourrait refuser de lui donner des contrats. Mais la façon la plus simple et la plus efficace de nuire à un analyste est encore, pour un dirigeant, de déclarer publiquement qu’il ne comprend de toute évidence rien à leurs activités et ne sait pas de quoi il parle.

Et ensuite, bien sûr, il y a toujours les risques de litiges. M. Rocker a cité à ce sujet Carol Remond, du Dow Jones Newswire, qui a écrit que « l’objectif derrière un litige est de détourner l’attention en lançant une attaque contre les fonds de couverture qui ont vendu les titres à découvert et les analystes qui ont publié des rapports de recherche négatifs. Et la stratégie fonctionne. Les vendeurs à découvert tendent à se tenir loin du titre, et la plupart des analystes qui suivaient habituellement le titre s’éloignent également ; voilà pourquoi cette question est si importante. Une voix essentielle au bon fonctionnement du marché est supprimée. »

M. Rocker parle par expérience, car il a été la partie défenderesse dans un procès entrepris contre sa firme. Il a mentionné comment il peut être facile de se faire prendre dans la toile d’un litige, peu importe l’absurdité des accusations ; c’est pourquoi ce risque entrave la libre pensée.

Il n’est donc pas surprenant que des analystes aient surtout des opinions positives sur les compagnies, et qu’ils soient peu disposés à dégrader une firme avant que le cours de son action n’ait chuté fortement. Les exemples d’analystes ayant publié des recommandations d’achat le jour avant l’effondrement du prix d’une action abondent. Quelle valeur a la recommandation d’un analyste si l’honnêteté et la liberté d’expression sont mises au rencard ?

C’est un problème sérieux pour l’industrie de l’investissement. Rappelons que 50 % des investisseurs sont soit des acheteurs, soit des vendeurs, mais qu’environ 90 % des recommandations portent sur les achats. M. Rocker a eu le courage de parler ouvertement de ce déséquilibre.

Cet article est fourni par les Consultants en Gestion de Patrimoine Blue Bridge

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